Opter pour une péridurale lors de l’accouchement soulève plusieurs questions : Quelle est sa durée ? Existe-t-il des contre-indications ou des risques ? Alexandre Lemaitre, anesthésiste-réanimateur, nous éclaire sur ces interrogations.
En France, la péridurale est la méthode la plus courante pour soulager la douleur lors de l’accouchement. Que ce soit une décision prise à l’avance ou en plein travail, plus de 8 femmes sur 10 y ont recours pour un accouchement vaginal. La sensibilité à la douleur varie d’une personne à l’autre : pour beaucoup, les douleurs du travail sont comparables à celles d’une fracture. Ces douleurs physiques peuvent être exacerbées par une anxiété psychologique : peur de la douleur ou de l’accouchement, anxiété en cas de complications, sentiment de perte de contrôle… D’où l’importance de se préparer à l’avance. Historiquement, les femmes enduraient ce qu’on appelait le « mal joli ». Aujourd’hui, la plupart préfèrent accoucher sans douleur grâce à la péridurale, pour une question de confort, certes, mais pas uniquement.
« La péridurale offre également une sécurité, explique le Dr Lemaitre, anesthésiste-réanimateur, elle permet d’intervenir rapidement en cas de besoin (césarienne, extraction instrumentale, révision utérine…) sans avoir à recourir à une anesthésie générale, qui présente des risques pour la parturiente. Pour certains accouchements où l’intervention rapide est nécessaire, elle est conseillée, notamment en cas de présentation par le siège ou d’attente de jumeaux. Cependant, le choix final vous appartient toujours ».
La pose de la péridurale est-elle douloureuse ? La douleur provient-elle de l’injection ?
La mise en place d’une péridurale consiste à injecter un anesthésique local et un opiacé très dilué dans l’espace péridural, où se trouvent les racines nerveuses qui innervent l’utérus et le petit bassin.
Le but est de diminuer les douleurs des contractions tout en conservant une capacité motrice suffisante pour pousser au moment crucial. On utilise de faibles concentrations pour cibler uniquement les nerfs les plus fins, ceux qui transmettent la douleur. L’anesthésiste commence par réaliser une anesthésie locale pour endormir la peau du dos – une sensation de picotement – puis insère délicatement une aiguille dans l’espace péridural, entre deux vertèbres lombaires. Vous ressentirez une pression dans le dos suivie d’une sensation de lourdeur. Une fois en place, un cathéter (petit tube) est inséré à travers l’aiguille et relié à une pompe automatique. L’aiguille est ensuite retirée. L’anesthésiste vérifie le positionnement correct du cathéter. Combien de temps fonctionne la péridurale ? Le produit commence à agir environ quinze minutes et continue aussi longtemps que nécessaire, grâce à un débit continu ajusté par l’anesthésiste.
BONUS : en cas de réapparition de la douleur, les patientes peuvent s’auto-administrer des doses supplémentaires grâce au système PCEA (analgésie péridurale contrôlée par le patient), qui permet un ajustement précis des doses d’anesthésiques.
Quand faut-il mettre en place la péridurale ? Combien de temps avant l’accouchement ?
Pour maximiser son efficacité, il est préférable de décider avant que les contractions deviennent trop intenses et rapprochées (généralement une dilatation de 7 cm est considérée comme la limite). Au-delà, il pourrait être difficile de rester immobile lors de l’installation ! Idéalement, il est préférable d’attendre que le col soit dilaté à 3 cm, signe que le travail a vraiment commencé. Toutefois, si vos contractions sont insupportables alors que le col est à peine ouvert, ou si vous décidez très tardivement, l’anesthésiste fera tout son possible pour vous soulager.
Témoignage : « Je pensais me passer de la péridurale »
J’avais des appréhensions concernant d’éventuels effets sur le bébé. J’avais donc tout prévu pour gérer les contractions le jour J : préparations classiques, sophrologie, acupuncture… Arrivée à la maternité après la rupture des eaux, j’ai enduré des contractions douloureuses pendant 24 heures, gérées par la respiration. J’étais épuisée ! À 3 cm de dilatation, on m’a proposé la péridurale et j’ai accepté. Quel soulagement ! Mis à part quelques tremblements et la sensation de jambes lourdes, je ne regrette pas du tout. Ma fille est née deux heures plus tard.
Clémence, maman de Paloma
Quelles sont les contre-indications de la péridurale ?
Il existe des contre-indications médicales à la péridurale, telles que les troubles de la coagulation, les infections sévères avec fièvre, les allergies connues aux anesthésiques locaux, une infection cutanée au niveau de l’injection, ou certaines pathologies neurologiques rares. Toutefois, la majorité des femmes peuvent bénéficier de cette analgésie si elles le souhaitent. Aucun souci si vous avez un tatouage dans le bas du dos !
Cependant, certaines conditions particulières comme un antécédent de fracture du dos, une scoliose ou une obésité peuvent compliquer la pose d’une péridurale, voire la rendre impossible. Il est recommandé de consulter un anesthésiste au 8ème mois de grossesse. Après un examen clinique complet, il vous prescrira des analyses pour s’assurer que tout est en ordre. Ces précautions sont cruciales pour minimiser les risques de complications.
Pour ou contre la péridurale ? Partagez vos expériences et avis ici.
Quels sont les risques et effets secondaires de la péridurale ?
Comme toute intervention médicale, la péridurale peut entraîner des effets secondaires temporaires tels que l’engourdissement des jambes, une légère baisse de la tension artérielle, des démangeaisons, ou des difficultés à uriner. Il se peut aussi que l’analgésie ne soit pas suffisamment forte ou qu’elle soit latéralisée… Ce sont des désagréments gérables et non graves ! Dans moins de 1% des cas, l’aiguille de la péridurale peut traverser la dure-mère, une fine membrane qui délimite l’espace péridural. Cela peut entraîner une fuite de liquide céphalorachidien et provoquer des maux de tête. Sur le plan obstétrical, la péridurale a été critiquée pour ralentir le travail ou augmenter le taux de césariennes. Cependant, les études actuelles avec les dosages utilisés montrent le contraire. Elle n’a également aucun effet néfaste sur le bébé. Les complications très graves sont extrêmement rares. Et comme le souligne le Dr Lemaitre, elles sont probablement moins fréquentes que les complications qui pourraient survenir sans péridurale. Une fois en place, en cas d’urgence, les médecins peuvent intervenir rapidement, parfois gagnant de précieuses minutes !
64 % des femmes envisageaient une analgésie péridurale avant l’accouchement (Source : enquête périnatale 2016)
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