À la fin de la grossesse, il est courant de réaliser un dépistage pour déterminer si la future mère porte le streptocoque B dans sa flore vaginale. Quelle est l’utilité de ce test ? Quels sont les dangers de cette bactérie pour le nourrisson ? Que se passe-t-il si le test est positif ? Voici une explication détaillée.
Pendant la grossesse, il est crucial pour une femme enceinte de surveiller la présence de certaines bactéries, notamment le streptocoque du groupe B, qui peut causer des complications fœtales.
Qu’est-ce que le streptocoque du groupe B, ou Streptococcus agalactiae ? Comment contracte-t-on cette infection ?
Le Streptocoque du groupe B, SGB ou Streptococcus agalactiae, est une bactérie fréquemment trouvée dans le système digestif ou le vagin de certains individus, hommes et femmes. Ce micro-organisme est souvent présent sans causer de symptômes.
Une bactérie souvent trouvée dans la flore vaginale
Le streptocoque B est présent dans la flore vaginale d’au moins 15% des femmes de manière asymptomatique. L’Institut Pasteur note que cette bactérie affecte 5 à 40% des femmes enceintes, « selon les méthodes de détection et les populations étudiées ». Bien que sa présence dans le vagin ne soit généralement pas problématique pour la femme enceinte, elle peut cependant infecter le bébé durant l’accouchement. Un protocole est donc mis en place pour minimiser le risque de transmission.
Pourquoi réaliser un dépistage du streptocoque B auprès des femmes enceintes ?
Bien que généralement inoffensive pour la femme porteuse, cette bactérie peut être transmise de la mère à l’enfant, principalement lors de l’accouchement, lorsque le bébé traverse le vagin. Pendant ce processus, il peut inhaler ou ingérer des sécrétions vaginales, explique l’Institut Pasteur. Or, chez un nouveau-né, une telle infection peut être grave en raison de son système immunitaire encore immature.
C’est pour cette raison que le dépistage du SGB est systématiquement réalisé en France, idéalement entre 34 et 38 semaines d’aménorrhée, soit entre 32 et 36 semaines de grossesse.
Selon un document sur les “bonnes pratiques cliniques”, publié en 2001 et révisé en 2006 par la Haute Autorité de Santé (HAS), au moins 75 000 femmes par an, en France, sont porteuses du Streptocoque B dans leur flore vaginale.
Étant donné que les conséquences peuvent être sévères en post-partum et pour le nouveau-né (considéré même comme un « problème de santé publique », selon la Haute Autorité de Santé), et que la prévention (c’est-à-dire l’administration d’antibiotiques pendant le travail d’accouchement) diminue de plus de trois quarts le risque d’infections néonatales et maternelles, le dépistage en fin de grossesse est absolument justifié.
Dépistage par prélèvement vaginal : comment détecter une infection à streptocoque B durant la grossesse ?
À la différence d’un frottis cervical, le dépistage du SGB est totalement indolore car il consiste simplement à prélever un échantillon de la flore vaginale avec un coton-tige, après l’introduction d’un spéculum.
L’échantillon est ensuite analysé en laboratoire pour identifier la présence ou l’absence de Streptocoque B (SGB).
Il est important de noter que ce dépistage est recommandé même si une césarienne est prévue, au cas où l’accouchement surviendrait plus tôt que prévu. En cas de travail prématuré ou de rupture prématurée des membranes, le prélèvement pour le dépistage du SGB est réalisé en urgence, afin de prévenir une infection à streptocoque B chez le bébé à naître.
Quels sont les risques pour le bébé et la maman ? Cette infection est-elle dangereuse ?
Une infection par le Streptocoque B lors de la naissance peut causer de sérieuses complications chez le nourrisson. Les professionnels de santé distinguent généralement deux types d’infections néonatales liées au SGB : les infections précoces, qui apparaissent dans 80 % des cas durant les premières 24 heures de vie, et les infections tardives, qui surviennent entre la première semaine et le troisième mois de vie du bébé.
Une infection précoce par le Streptocoque B se manifeste souvent par une septicémie (présence de bactéries dans le sang) et une détresse respiratoire. Une infection tardive peut quant à elle provoquer une méningite bactérienne, dont le principal symptôme est une forte fièvre.
Pour la jeune maman, le streptocoque peut coloniser le tractus urinaire et provoquer une infection urinaire (ou cystite), ou conduire à une endométrite, c’est-à-dire une infection de l’endomètre, la muqueuse qui tapisse l’utérus. Dans les cas les plus graves (et heureusement rares), l’infection à SGB peut entraîner une septicémie si la bactérie passe dans le sang, ou une chorioamniotite en fin de grossesse (infection des tissus placentaires et du liquide amniotique).
Selon l’Institut Pasteur, environ 500 cas d’infections néonatales invasives sont signalés en France chaque année, entraînant entre 30 et 60 décès. Le dépistage en fin de grossesse, associé à un traitement antibiotique en cas de test positif, a réduit le nombre d’infections et la mortalité chez les nouveau-nés.
Facteurs de risque de transmission du streptocoque B au bébé
Il existe des facteurs de risque augmentant la probabilité de transmission du streptocoque B au bébé pendant l’accouchement, notamment :
- une rupture précoce des membranes ;
- un travail d’accouchement prolongé de plus de 18 heures ;
- une fièvre pendant l’accouchement ;
- un antécédent de transmission materno-fœtale du SGB ;
- la présence du SGB dans les urines.
Pour les femmes enceintes, un dépistage systématique du streptocoque B est recommandé entre 34 et 38 SA. Si le résultat est positif, c’est-à-dire que le SGB est détecté dans les sécrétions vaginales, un traitement à base d’antibiotiques (ß-lactamine, c’est-à-dire pénicilline ou amoxicilline, ou un macrolide en cas d’allergie) sera appliqué au moment de l’accouchement, ou dès la rupture de la poche des eaux en l’absence de contractions. On parle alors d’antibioprophylaxie, un traitement antibiotique préventif. Idéalement, ce traitement doit être commencé au moins 4 heures avant la naissance du bébé.
Outre un résultat positif au test de dépistage du Streptocoque B en fin de grossesse, un traitement antibiotique est prescrit dans les cas suivants, même en cas de test négatif :
- en cas d’antécédent d’infection à SGB lors d’une précédente grossesse ;
- en cas de SGB détecté dans les urines durant la grossesse ;
- en cas de SGB détecté dans la flore vaginale durant la grossesse ;
- en cas d’accouchement prématuré (avant 37 SA, soit 8 mois et demi) ;
- en cas de fièvre inexpliquée durant l’accouchement ;
- lorsque la rupture de la poche des eaux date de plus de 18 heures (dans le cas où l’accouchement n’aurait pas encore été déclenché).
Chez le nouveau-né, le traitement en cas d’infection au Streptocoque B repose sur l’administration par voie intraveineuse d’un antibiotique de type bêta-lactamine (amoxicilline) sur 10 jours à 3 semaines, en fonction des symptômes et manifestations de l’infection (méningite, etc.).
Bien que rare, la transmission de la bactérie au bébé nécessite une surveillance rapprochée par l’équipe soignante pour une intervention précoce en cas de symptômes d’une infection à SGB.
Il est important de noter qu’aucun vaccin n’est actuellement disponible contre les infections à Streptocoque B.
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