Impact de la morphine pendant la grossesse et alternatives possibles
La morphine est un antalgique puissant que les femmes enceintes peuvent utiliser à tout stade de leur grossesse en cas de besoin. Jean-Laurent Dulman, gynécologue obstétricien à la maternité Sainte Thérèse à Paris, nous éclaire sur cette pratique.
Quels dangers la morphine présente-t-elle durant la grossesse ? Quels sont ses effets secondaires ?
La prise de médicaments pendant la grossesse doit toujours être surveillée de près en raison des éventuels impacts sur le développement du fœtus. La morphine, un antalgique de référence pour les douleurs sévères, n’est pas sans risques. Quels sont les effets secondaires pour la mère et l’enfant ? Quelles sont les conséquences d’une utilisation prolongée ou inappropriée ? Voici quelques réponses.
Effets sur la mère
Selon Jean-Laurent Dulman, « la morphine peut augmenter les nausées, les vomissements et la constipation. Bien que de nombreuses données aient été recueillies sur les femmes enceintes exposées à la morphine au premier trimestre, aucun effet malformatif spécifique n’a été clairement attribué à ce médicament. Des études ont noté un lien possible entre l’utilisation de la morphine et un risque accru d’accouchement prématuré ainsi qu’une altération de la croissance fœtale, mais les preuves restent très limitées concernant le faible poids à la naissance, la mortinaissance et les résultats neurodéveloppementaux. »
Conséquences pour le nouveau-né
Utiliser de la morphine en fin de grossesse peut entraîner chez le nouveau-né des symptômes de sevrage si l’utilisation est prolongée jusqu’à l’accouchement. « Ces symptômes peuvent inclure de l’irritabilité, des tremblements, des pleurs perçants et une hypertonie, et peuvent survenir quelques heures à quelques jours après la naissance. Une dépression respiratoire peut également se manifester si de fortes doses sont administrées juste avant ou pendant l’accouchement», ajoute le gynécologue.
En ce qui concerne le développement neurologique, à ce jour, aucune donnée ne suggère que l’exposition in utero à la morphine, dans le cadre d’un traitement ponctuel de la douleur, ait des effets sur le développement neurologique de l’enfant.
Quels antalgiques sont recommandés pendant la grossesse ?
La gestion de la douleur chez la femme enceinte doit être prudente et bien encadrée.
« Il est crucial de commencer par la dose la plus faible qui soit efficace, surtout en fin de grossesse. Le paracétamol est recommandé en premier lieu. En second recours, on peut envisager le dextropropoxyphène, la codéine, le tramadol ou la buprénorphine, mais avec prudence en fin de grossesse. En cas de douleurs très intenses, la morphine reste une option, peu importe le stade de la grossesse. D’autres opioïdes peuvent également être envisagés si nécessaire,» précise Jean-Laurent Dulman.
Les AINS comme l’ibuprofène peuvent être utilisés de manière ponctuelle, mais uniquement au début de la grossesse, car l’aspirine à haute dose et les AINS sont contre-indiqués au-delà de 24 semaines de grossesse.
Important : à l’exception du paracétamol, aucun médicament ne doit être pris en automédication et tout traitement doit être validé par un professionnel de santé.
Quel que soit l’opioïde prescrit, un traitement prolongé et/ou à fortes doses jusqu’à l’accouchement peut causer une dépression respiratoire et un syndrome de sevrage chez le nouveau-né.
Quel est le médicament le plus dangereux pour une femme enceinte ?
Certains médicaments sont formellement déconseillés pendant la grossesse. « Les dérivés de la vitamine A (Roaccutane), le lithium, les antivitamines K, certains antiépileptiques (valproate de sodium, carbamazépine), les antimicrotiens, les anticancéreux, le mycophénolate (cellcept), certains antiviraux, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion…» liste le praticien.
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